Pour être avec l’autre
Il faut avoir compris des choses en soi.
Si tu n’as rien compris en toi
Si, comme dit Simone Veil, tu ne t’es pas élucidé un minimum
Qu’est-ce que tu vas comprendre de l’autre ?
Tu ne comprendras de l’autre que ce que tu as vaguement compris de toi.
Je ne peux jouir de l’autre qu’en ayant de l’empathie
Pour avoir de l’empathie il faut que je le comprenne
Pour le comprendre, au sens premier (le prendre avec)
Il faut que je comprenne des choses en moi pour que ce qu’il est, résonne en moi
Et pour que ça résonne en moi comme un
Il faut quand même que je m’y sois colleté à ce que je suis
(qui est minable, médiocre, chaotique, inconséquent)
Mais tant que tu n’as pas un début d’élucidation de ce que tu es, qu’est-ce que tu vas recevoir de l’autre ?!
Tu ne vas rien comprendre de l’autre
Parce que pour comprendre l’autre
Et bien il faut avoir compris soi
Tu n’as de sympathie avec l’autre
Que ce que tu as accepté de sympathie avec toi
Une véritable sympathie pas une relation mondaine
C’est autre chose, ça c’est une ivresse
Ce que je peux dire modestement
C’est que mon affection pour l’autre
Ne peux pas ne pas dépendre, de ce que j’ai accepté d’aimer un peu en moi
Car si je ne connais rien du tout de moi
Et si je ne sais pas qui je suis
Je vais être dans un tel état d’incertitudes, de non présence
Que je ne vais rien voir dans l’autre
Et, ici, la phrase de Nietzsche est admirable
» Je ne vais voir dans l’autre qu’une confirmation de moi
Je vais l’utiliser, l’instrumentaliser, pour en faire un spectateur et non pas une rencontre »
Fabrice Luchini